Luc 6 ,27-38
MEDITATION DU 7è DIMANCHE DU
TEMPS ORDINAIRE
1-
Situation
du contexte :
Ce texte fait partie du ministère de Jésus en Galilée. C’est
un élément du discours inaugural.
Nous sommes là au début
du ministère de Jésus. Le texte nous donne une orientation de sa mission et se
situe au cœur de son ministère. Au chapitre 5, il est avec les disciples et
fait certaines guérisons.
Au chapitre 6, après quelques
soulagements de souffrances, Jésus choisit les douze apôtres et leur explique
la perception et l’absence du bonheur en exprimant aussi le sens du malheur. S’adressant à tous ceux qui l’écoutent, Jésus donne
des orientations fondamentales bien précises : ce qu’on doit vivre
(l’amour des ennemis).
2-
Message
pour nous en
rapport [S1] avec nos réalités humaines :
De façon générale, Jésus
nous enseigne l’amour. Mais dans ce texte, il va plus loin et touche du doigt
ce que nous devons réellement vivre : << mais je vous le dis, à vous
qui m’écoutez : Aimez vos ennemis…>>. Il ne le dit pas seulement à
ceux qui étaient là jadis, mais à ceux qui écoutent ce texte et donc [S2] à nous
aujourd’hui.
Notre tendance contextuelle
aujourd’hui est d’aimer ceux qui nous aiment.
- Tu m’aimes, je t’aime. Tu me
prêtes, je te prête,
- tu pries pour moi, je prie pour
toi,
- tu me donnes, je te donne. Tu me
fais du bien, je te fais du bien…
Il le dit aujourd’hui à
chacun de nous, à vous qui écoutez et à vous qui lisez ce texte ici et
maintenant.
Cette recommandation de
Jésus est une véritable révolution ; une révolution par rapport au
contexte de Jésus et une révolution pour nous aujourd’hui.
Aujourd’hui
Dans les relations
interpersonnelles, l’amour s’exprime en fonction de la valeur et de la place
qu’on accorde à celui qui est en lien avec nous. Déjà[S3] aimer
à la manière du Christ n’est pas facile. Et aimer son ennemi[S4] c’est
encore plus difficile. Notre tendance habituelle est d’aimer ceux qui nous
aiment. Mais Jésus Christ vient prendre le contre-pied de notre vie habituelle.
La définition du mot
aimer est très complexe, car ça va dans tous les sens : de l’amour du
chocolat à l’amour d’une personne en passant à l’amour d’une voiture...
Nous n’allons donc examiner
les différentes considérations du vocable aimer. Mais en tenant compte de la
définition simple du dictionnaire, nous retenons qu’aimer[S5] c’est
éprouver de l’affection, de l’amitié, de la sympathie pour quelqu’un. Pour
nous, aimer c’est donc vouloir du bien et rien que du bien pour une personne. C’est
un sentiment qui nous attache à l’autre.
Aimer pour moi, c’est vouloir
et chercher inconditionnellement le bien de l’autre.
Aimer, c’est désirer et faire du bien à
l’autre au point même que celui-ci nous dépasse. C’est chercher le bonheur de
l’autre même quand son bonheur personnel n’est pas immense ou n’est pas
visible. Cette manière d’être est déjà difficile car nous voulons toujours
garder le bien pour nous.
Il est important de noter
que notre nature humaine nous met généralement à la recherche de notre bien
personnel en premier. Le bien de ceux qui nous sont proches vient après.
Mais voilà que Jésus
nous projette très loin : « aimer nos ennemis et faire du bien à
ceux qui nous persécutent. »
Imaginons la douleur de
la gifle qu’on se donne pour tuer un simple petit moustique qui vient nous
chatouiller l’oreille. Il passe et fait du bruit à notre oreille, notre
réaction ne se fait pas attendre. Quand il nous pique[S6] c’est
encore plus grave.
Si dans notre monde, on
ne peut pas supporter un dérangement. Comment aimer les ennemis ?
Or un ennemi[S7] c’est
celui qui nous veut profondément du mal parfois sans raisons.
Mon ennemi, c’est celui
qui est hostile à ma vie. Il est nuisible et celui qui [S8] me
persécute, peut
[S9] vouloir
mettre fin à ma vie.
Comment peut-on avoir
de l’affection, de la sympathie pour quelqu’un qui nous veut du mal et qui nous
persécute ? Voilà une recommandation plus que révolutionnaire !
Mais Jésus enseigne une
autre réalité : celui qui est à la suite du christ doit se démarquer et
sortir des terres battues : Œil pour œil, dent pour dent.
Généralement, on fuit
l’ennemi, on ne l’aime pas, on l’écarte, on l’évite... En effet, face à un ennemi
ou à un persécuteur, la réaction naturelle et spontanée est l’autodéfense ou la
vengeance à la suite de la Loi de Talion
Cette loi qui semble équitable
dans le cadre de la proportionnalité: œil pour œil, dent pour dent a été donné dans
l’Ancien Testament : Exode 21, 24 pour limiter les dégâts de la vengeance.
Mais la nouveauté que
Jésus apporte est vraiment révolutionnaire, car il nous invite au dépassement
de cette loi de Talion et nous appelle à aller au-delà de la soit disant [S10] équité et rentrer dans l’amour même de
Dieu qui fait briller le soleil sur les bons et les méchants. Intégrer cet
amour des ennemis et des persécuteurs c’est plonger dans la manière même
d’aimer de Dieu. Cela ne peut se faire sans le pardon et l’humilité.
Lorsqu’on comprend
comment Dieu nous aime et combien il nous pardonne, nous pouvons alors petit à
petit intégrer cette manière d’agir du christ. Saint Augustin disait dans les
confessions : << la mesure de l’amour c’est aimer sans
mesure>>.
Qui pourrait aimer son
ennemi, sinon Dieu lui-même. C’est un appel à la sainteté (Lev. 19,2 :
‘’Soyez saints, car moi, le Seigneur, je suis saint ‘’. Le Pape François dans
‘’ gaudete
et exultate’’ [S11] souligne la sainteté comme ‘’charité,
l’amour pleinement vécu’’.
Ce texte est un appel à
la perfection : Mt 5, 48 : ‘’ Vous donc, soyez parfaits comme votre
Père céleste est parfait’’. : ‘’ Aimez vos ennemis, votre récompense sera
grande dans les cieux et vous serez les fils du très haut’’.
Il nous faut donc aller
à l’école de celui qui le premier a su pardonner à ses bourreaux, à ses ennemis
sur la croix, pour aimer nos ennemis et faire du bien à ceux qui nous
persécutent. Ce n’est que lui qui peut nous aider dans cette dynamique vécue
par certains de nos aînés dans la foi comme Etienne priant pour ses bourreaux, Actes
7, 60 ; le cardinal Emile Biayenda bénissant ses bourreaux en mourant et
de Sainte Joséphine Bakhita qui a pardonné à ses tortionnaires et priait pour
que ces derniers connaissent le Vrai Père.
Un témoignage poignant,
un médecin s’est retrouvé en face d’un patient qui avait assassiné ses parents,
il a été amené à le soigner par rapport à la conscience professionnelle et au
pardon.
Propositions
d’actions concrètes et simples pour moi et autour de moi en réponse à
l’Evangile
- Faire la révision de sa journée et
repérer les merveilles au quotidien.
- Faire
un exercice de pardon au quotidien même dans les petites choses pour développer
la miséricorde ;
- Oser tendre la main à celui qui m’a fait
du mal ;
- Dans nos communautés, dans nos centres de
santé, dans nos écoles, inviter et initier à la vérité qui aboutit au
pardon ;
- dans nos centres de santé ou hôpitaux, accueillir
même ceux qui nous persécutent.
3-
Prière
conclusive :
Seigneur Jésus, toi qui
nous invite à aimer nos ennemis, ouvre nos cœurs à ta miséricorde. Remplis-nous
de ton amour débordant afin que nous sachons aimer nos ennemis et ceux qui nous
persécutent.
Que ton esprit nous
accompagne Seigneur !
SŒUR CATHERINE TANDOU
COMMUNAUTE NOTRE DAME
DE LA PAIX.
CONGO-BRAZZAVILLE
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